Dans un marché de la restauration en constante évolution, les franchises doivent repenser leurs stratégies pour répondre aux attentes des consommateurs modernes. Entre quête de naturalité, préoccupations environnementales et recherche d’expériences culinaires uniques, les habitudes alimentaires se transforment rapidement. Comment les grandes chaînes peuvent-elles s’adapter pour rester dans la course ? Plongée au cœur des nouvelles tendances qui façonnent l’avenir de la restauration rapide.
L’essor du végétarisme et du véganisme : un défi majeur pour les franchises
La montée en puissance des régimes végétariens et végans constitue l’un des bouleversements les plus marquants de ces dernières années dans le secteur de la restauration. Selon une étude Kantar Worldpanel de 2021, 24% des Français se déclarent désormais flexitariens, tandis que 2,2% sont végétariens et 0,5% végans. Face à cette demande croissante, les franchises n’ont d’autre choix que de s’adapter.
McDonald’s, leader mondial de la restauration rapide, a ainsi lancé en 2019 son premier burger 100% végétal, le McVegan, dans plusieurs pays européens. De son côté, Burger King a noué un partenariat avec la start-up Impossible Foods pour proposer l’Impossible Whopper, une version végétale de son sandwich phare. « Nous constatons une demande croissante pour des alternatives végétales de qualité. Notre objectif est d’offrir le choix à nos clients, qu’ils soient végétariens ou simplement curieux de nouvelles saveurs », explique Alexandre Simon, directeur marketing de Burger King France.
Pour réussir cette transition, les franchises doivent non seulement élargir leur offre, mais aussi repenser leurs processus de production pour éviter toute contamination croisée. L’enjeu est de taille : satisfaire une nouvelle clientèle tout en conservant ses consommateurs traditionnels.
Le local et le bio : des valeurs plébiscitées par les consommateurs
L’engouement pour les produits locaux et biologiques ne se dément pas. D’après le baromètre de l’Agence Bio, 71% des Français consomment des produits bio au moins une fois par mois en 2022. Cette tendance de fond pousse les franchises à revoir leurs approvisionnements et à mettre en avant la provenance de leurs ingrédients.
Subway, par exemple, a lancé en France une gamme de sandwichs « 100% français » mettant à l’honneur des produits locaux. La chaîne Paul a quant à elle développé une offre de pains et viennoiseries bio, tandis que Starbucks propose désormais du lait bio dans tous ses établissements hexagonaux.
« Le défi pour les franchises est de concilier l’exigence de standardisation inhérente à leur modèle avec la demande de produits locaux et de saison », analyse Sophie Renault, professeure en sciences de gestion à l’Université d’Orléans. « Cela implique de repenser toute la chaîne d’approvisionnement et de nouer des partenariats avec des producteurs locaux, ce qui n’est pas toujours évident à grande échelle. »
La quête de naturalité : vers des cartes plus simples et transparentes
Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à la composition de leur assiette et plébiscitent les ingrédients naturels, sans additifs ni conservateurs. Cette tendance pousse les franchises à simplifier leurs recettes et à communiquer davantage sur la qualité de leurs produits.
KFC a ainsi lancé en 2022 une campagne de communication autour de ses « vrais morceaux de poulet », mettant en avant l’absence d’arômes artificiels dans ses recettes. De son côté, Domino’s Pizza a revu l’ensemble de ses sauces pour supprimer les additifs et colorants artificiels.
« La transparence est devenue un élément clé de la relation client », souligne Jean-Pierre Loisel, chef du service Communication, Education et Documentation à l’Institut national de la consommation. « Les franchises doivent être en mesure de répondre aux questions des consommateurs sur l’origine et la composition de chaque ingrédient. C’est un véritable changement de paradigme pour certaines enseignes habituées à une forme d’opacité. »
L’expérience client au cœur des préoccupations
Au-delà de l’assiette, les consommateurs sont en quête d’expériences culinaires uniques. Les franchises doivent donc repenser leurs espaces et leurs services pour se démarquer de la concurrence.
McDonald’s a ainsi lancé son concept « Experience of the Future », avec des restaurants entièrement rénovés intégrant des bornes de commande tactiles, un service à table et des zones de jeux pour enfants repensées. Pizza Hut expérimente quant à lui des tables interactives permettant aux clients de composer leur pizza sur mesure.
« L’enjeu est de créer un lien émotionnel avec le client, au-delà de la simple transaction commerciale », explique Olivier Daufresne, consultant en stratégie pour le secteur de la restauration. « Cela passe par un travail sur l’ambiance, le design, mais aussi par une personnalisation accrue de l’offre et du service. »
Le défi de la livraison et du digital
La crise sanitaire a accéléré le développement de la livraison et des commandes en ligne, obligeant les franchises à repenser leur modèle économique. D’après une étude NPD Group, la livraison représentait en 2022 près de 20% du chiffre d’affaires de la restauration rapide en France, contre seulement 5% en 2019.
Pour répondre à cette demande, de nombreuses enseignes ont développé leurs propres applications de commande en ligne et noué des partenariats avec des plateformes de livraison comme Uber Eats ou Deliveroo. Certaines, comme Domino’s Pizza, ont même investi dans des « dark kitchens », ces cuisines dédiées uniquement à la livraison.
« Le digital est devenu un levier de croissance incontournable pour les franchises », affirme Frédéric Neau, directeur général de Just Eat France. « Mais cela implique de repenser toute l’organisation, de la préparation des commandes à la gestion des flux en cuisine. C’est un véritable défi logistique et humain. »
Vers une restauration plus responsable
Enfin, les préoccupations environnementales des consommateurs poussent les franchises à adopter des pratiques plus durables. La réduction du gaspillage alimentaire, l’utilisation d’emballages recyclables ou compostables et la maîtrise de l’empreinte carbone sont autant de chantiers sur lesquels les enseignes doivent travailler.
Starbucks s’est ainsi engagé à réduire de 50% ses déchets d’ici 2030, notamment en encourageant l’utilisation de tasses réutilisables. McDonald’s a quant à lui annoncé vouloir supprimer tous les plastiques à usage unique de ses restaurants d’ici 2025.
« La responsabilité sociale et environnementale n’est plus une option, mais une nécessité pour les franchises qui veulent pérenniser leur activité », insiste Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet de conseil Utopies. « C’est un investissement sur le long terme qui permet non seulement de répondre aux attentes des consommateurs, mais aussi d’anticiper les futures réglementations. »
Face à ces multiples défis, les franchises de restauration n’ont d’autre choix que de se réinventer en profondeur. Entre adaptation de l’offre, transformation digitale et engagement responsable, c’est tout un modèle qui est en train de se redessiner. Les enseignes qui sauront le mieux anticiper et répondre à ces nouvelles tendances seront celles qui tireront leur épingle du jeu dans les années à venir. Une chose est sûre : l’ère de la restauration rapide standardisée et impersonnelle semble bel et bien révolue.